mardi 8 mars 2011

Illamasqua : quand l'artifice est préférable au naturel...

Dans quelques jours la marque britannique Illamasqua sortira sa nouvelle collection : Toxic Nature.



Les critiques vont bon train. Et pour cause : à l'heure du tout-bio, il est de bon ton de suivre le courant bien-pensant de l'intégrisme naturaliste : fais pas ci, mange ça, allaite comme-ci, maquille toi comme-ça, etc.
Pas que je sois contre les aliments sains, la bonne hygiène de vie, et la survie de la planète ; bien au contraire (mais c'est un peu comme dire qu'on est contre la mort...). Je trouve simplement barbante et redondante la constante leçon de morale qu'on nous serine.

Mais ce n'est pas le propos. Du coup, le titre et le thème de cette nouvelle campagne perturbent les âmes délicates. Esthétique graphique et criarde, ton cynique, et rendu totalement artificiel : voilà qui est très contrariant!


D'autant qu'Illamasqua ne fait pas les choses à moitié. C'est ce que j'aime dans la direction artistique délirante d'Alex Box. Quel tact dans la provocation!
Pour vous donner une meilleure idée de cette nouvelle mythologie personnelle, dont seul  Illamasqua a le secret (souvenez-vous de The Art of Darkness), - petite interprétation de la gamme et traduction du topo : 

Welcome to the atomic-botanical wastelands
Bienvenu dans la décharge atomico-botanique
Unpredictable, Unchartered, Distorted by mankind, Unnatural
Imprévisible, Clandestine, Déformée par l'espèce humaine, Artificielle,
The natural world is fighting back
La Nature riposte.
In retaliation against the genetically modified society that plunders it, the landscape has issued forth a torrent of hybrid shades...
En représailles contre la société génétiquement modifiée qui les pilles, les paysages ont déversé un flot de teintes hybrides.
Corrupted hues, glister amongst muted tones - extreme, intoxicating versions of their original selves. This is an atomic-botanical environment, where survival is key and camouflage by colour is the path to existence...
Des nuances corrompues, des rutilements parmi les tonalités délavées, ... - des versions extrêmes et enivrantes de leurs originaux. C'est un environnement atomico-botanique où la survie est la clé, et où le camouflage par la couleur est le chemin vers l'existence. 


La collection comprend 6 pigment-crèmes (pour corps et visage), 5 vernis, 2 rouges, 2 gloss et 1 liner,avec des noms sont tous plus inquiétants les uns que les autres : Souillure (vert menthe mat), Caverneux (caramel mat), Radium (vert citron acide brillant), Pureté (pêche), Bactérie (ocre cendré nacré) , Croupir (mauve gris), Atomic (fuchsia violet)  etc.


Une gamme chromatique qui se balance avec poésie entre les pastels vénéneux et les fluo dangereux, en préférant les rendus vibrants (mats ou légèrement brillants). Comme pour augmenter la réalité ...

 
Une french détournée dans des tons psychédéliques,


                   Un teint d'amanite hallucinogène,           une moue boueuse aux lignes extra-terrestres,       des yeux plastiques couleur de venin
 

Les modèles ressemblent à des créatures surfaites et redessinées (presque cartoonisées à la manière de Poison Ivy), sorties tout droit d'un terrain vague empli de déchets radio-actifs, et nappé d'une atmosphère post-apocalyptique (bientôt 2012, bouh!). On dirait l'apologie d'une nature impure et déréglée. On ne distingue plus le naturel de l'artificiel. C'est le chaos.

Et malgré tout , reste la beauté. La beauté à tout prix. C'est en tout cas le message que j'y lis. Contrairement à ce que j'ai pu entendre, je ne vois nulle part le dictat du plastiquement parfait et du mensonge esthétique. Mais plutôt tout l'inverse.
Illamasqua se joue de l'ordinaire et fait siennes les tendances colorées du moment (voir cet article). Déjanté et extravagant. Théâtral et dramatique. Une marque pro qui tient sa promesse et sa signature :  "Fabriquez votre Alter Ego". J'adhère, j'adore. 

Et comme je ne suis pas fana de l'achat de cosmétiques via internet, prochain trip to London, c'est la razia vous dis-je!

Et vous, ces visuels vous dérangent-ils? Ou bien êtes-vous tentés par les sirènes de l'artifice?


Rendez-vous sur Hellocoton !

6 commentaires:

  1. Aaaaaah enfin quelqu'un qui me comprend! J'ai lu de partout que ces filles étaient "laides" (je cite), que ce n'était pas esthétique, que les visuels faisaient peur voire mauvais genre... Alors que moi je trouve ça super pertinent! La nature est ce qu'elle est aujourd'hui parce qu'elle a été transformée par l'homme, l'être humain: transformée = déformée, améliorée, rabaissée et j'en passe... A l'heure du tout bio, la nature est sur représentée, et là, le corps l'est aussi! Tout est matière au jeu, au sur jeu, à montrer la force de l'empreinte de la "civilisation", de l'homme qui a domestiqué et donc touché à la nature et à lui-même et l'a changé!

    C'est juste différent, mais esthétique, ça ça l'est! (J'ai craqué sur cette marque à Londres! ^^)

    Et puis, tous les gouts sont dans la nature, non? ^^

    RépondreSupprimer
  2. Salut Leila! On est bien d'accord. Et tous les goûts sont dans la nature : c'est le cas de le dire!C'est le terrain de l'art que de se permettre de dépasser les beaux discours et les trivialités! De se distinguer du lot.

    Par contre, tu te rends compte de la torture que tu m'infliges avec ton dernier article? :-O
    Contente de ton passage ici, en tout cas. :)

    RépondreSupprimer
  3. ils ne font pas les choses à moitié chez Illamasqua. J´adore leurs visuels!

    RépondreSupprimer
  4. C'est le moins qu'on puisse dire. Je suis également fan!

    RépondreSupprimer
  5. Juste démente cette collection !!!

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...