lundi 31 janvier 2011

Un livre pour les "philoglottes"*...



 "Comme dit Wittgenstein "les limites de nos langues constituent les limites de notre monde". Chaque langue nous permet de concevoir le monde selon ses propres structures et conceptions grammaticales lesquelles (...) sont assez divergentes."



Constatant l'hypertrophie de ma "Salle de bain" , il me semble bienvenu d'investir un peu plus le "Bureau"...
Voici donc une de mes dernières lectures coup-de-cœur : Bouche bée tout ouïe ... ou comment tomber amoureux des langues d'Alex Taylor ( Ed. J-C Lattès).


Il parait que les français rechignent à apprendre les langues étrangères; et on se souvient, parfois avec amertume, des longues listes de verbes irréguliers, des vilains exercices de conjugaison , et autres formes grammaticales aberrantes à apprendre par cœur, ou plutôt ... jusqu'à l'écœurement.
Et pourtant, quoi de plus laid et d'insipide que le doublage d'un chef-d'œuvre du cinéma ? Quoi de plus frustrant que de rester sourd à la langue d'un pays qu'on visite ? Quoi de plus douloureux que le sentiment de manquer de mots lorsqu'on à tant à dire à l'Autre?

Alex Taylor, que je ne connaissais que par son joli accent anglais diffusé sur France Inter, livre dans cette sorte d'essai, et en français dans le texte (qui n'est pas sa langue maternelle!), sa passion pour les langues

Je dis "sorte d'essai" car l'ouvrage est davantage une suite d'anecdotes linguistiques et ethnologiques parsemée de courtes réflexions sur la diversité des dialectes du monde, qu'une longue dissertation sur le sujet. Et c'est à double tranchant. En effet, on pourra trouver parfois redondant le constant recours aux historiettes personnelles, mais c'est aussi ce qui fait le charme et la légèreté du livre...

...Et, à mon sens, l'essence du Langage, s'il en est une. Car je dois avouer que je n'ai pas lu ce bouquin par hasard...C'est un sujet qui me tient à cœur et je me suis jetée dessus dès que j'ai pu. J'aime l'idée qu'on n'a certes qu'une seule langue maternelle, mais qu'on peut avoir tellement d'autres langues "fraternelles". Il se peut donc que je manque un peu d'objectivité...

Mais il me semble que,"philoglotte" ou pas, tout le monde sera curieux d'apprendre que "la langue la plus parlée au monde, le mandarin, n'a pas de mots pour "oui" ni pour "non"" - pour ne citer que la 4e de couverture. Ou bien encore, pour faire transition avec la majorité actuelle de mes articles, que " selon le contexte [make up, en anglais] peut signifier : 1. Inventer une histoire, 2. Se réconcilier après une dispute, ou 3. Maquiller quelqu'un. "Make out" navigue quant à lui dans des eaux troubles entre "distinguer quelque chose dans le noir"" et rouler une pelle à quelqu'un", deux activités qu'il serait prudent de ne pas confondre."
On en apprend aussi de belles, pêle-mèle, sur le navajo, le peul, le japonais, les langues européennes et autres idiomes oubliés par la mondialisation. A mi-chemin entre le carnet anthropologique et le journal d'un explorateur des continents grammaticaux, le livre nous fait vadrouiller et entrevoir le pouvoir qu'on les langues de nous transporter. De nous transformer.

" Parler une langue étrangère crée une deuxième personnalité et une deuxième vie."

Le tout est traité avec beaucoup d'humour. Et souvent avec une infinie tendresse qui ne peut que donner envie d'en savoir plus sur les différents moyens d'expression et la profonde créativité qu'ils renferment.
Sur le proprement humain, peut-être.
 

* Philoglotte: Mon barbarisme pour désigner les gens qui aiment passionnément les langues.
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